manon klein
art worker & researcher








Les discrètes
Baptiste Rabichon’s solo show

71B 
Paris, France
2016
À l’occasion de son exposition personnelle au 71B, Baptiste Rabichon présente sa nouvelle série « Les Discrètes », où des ladys en fuite nous entraînent dans des clairières psychédéliques. Sept amantes, collages de dizaines de textures numériques fabriquées par l’artiste, découpées et assemblées selon « La Mariée » * se laissent envahir par de mystérieux paysages négatifs. On se perd avec joie dans un ballet de projections lumineuses et chimiques, au bord de l’explosion. Ces variations sur le thème de la bride naissent de l’union de l’argentique et du numérique : un tampon de duplication Photoshop rencontre de véritables photogrammes de foulards ou d’un verre à thé.

**************************

Comme tout explorateur qui se respecte, Baptiste Rabichon ne sait pas exactement ce qu’il cherche. Il est mu par des intuitions, soupçonne des territoires inconnus, en expose des contours. Il sait que le voyage importe autant que la destination, plus encore lorsqu’il mène à des contrées imaginaires. Depuis quelques années, c’est la photographie sous toutes ses formes qu’il parcourt.

L’un de ses procédés consiste, par exemple, à mêler des compositions numériques à des manipulations argentiques (tirages, photogrammes ou projections directes d’objets) et ce sur un seul et même support photosensible. À des clichés préexistants, qu’il prend lui-même, fouille dans son placard, dans les magazines, les livres ou sur internet, l’artiste associe ses rencontres quotidiennes. On croisera en effet dans ses œuvres des fleurs cueillies la veille ou ce qu’il trouve au fond de sa poche. Des petites choses sur lesquelles il tombe chaque jour, un peu par hasard, et qu’il décide, illuminé, d’intégrer à sa composition. À la manière d’un sculpteur, il façonne des « objets » photographiques, pleins de textures, de couleurs, de collages et d’hommages.

Ses gestes artisanaux offrent des rendus proches de la science-fiction. Car, comme tout explorateur qui se respecte, Baptiste Rabichon se joue de la temporalité. Ses œuvres proposent une traversée de l’histoire de l’art : promenade entre les jardins impressionnistes et les Flowers de Warhol, allusions aux guitares des cubistes et aux figures surréalistes qui s’enrichissent de l’irruption de la trivialité contemporaine : s’y glissent des Tic-Tac ou des plaquettes de chewing-gum. Elles puisent aussi leur inspiration dans la musique pop : « We’re beautiful like diamonds in the sky », qui se déploie sur près de 30 mètres, a été réalisé en projetant des diamants directement sur du papier photographique. Shine Bright.

Comme pour tout explorateur qui se respecte, la quête de Baptiste Rabichon n’est pas statique. Dans son projet le plus récent, le voyageur intérieur choisit d’arpenter les grands espaces, créant son propre véhicule artistique : une caravane récupérée, transformée en sténopé roulant. On imagine bien le baroudeur sur les routes de France prenant l’empreinte gigantesque des lieux qu’il traverse. Ses épreuves révèlent une friction entre négatif et positif, entre photographie et peinture. À travers ces paysages exposés, comme tout explorateur, Baptiste Rabichon offre un goût d’aventure. 







manon klein