manon klein
art worker & researcher









Guide de survie
après l’école d’art
Edité avec Andy Rankin
Accompagnement éditorial: Chiara Vella.

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Depuis 2019, les LABO DEMO initiés par le Centre Wallonie-Bruxelles/Paris alias le Vaisseau font dialoguer les pratiques de jeunes artistes issu·es d’écoles d’art belges et françaises à travers une exposition collective. L’édition 2025 a donné lieu à une vaste prospection au sein de dix écoles d’art. Elle fut l’occasion de centaines de rencontres avec des étudiant·es en dernière année et de jeunes diplômé·es de ces trois dernières années. Au fil de nos visites d’ateliers, visios et autres lectures de portfolios, il aura beaucoup été question de «travail». Ce motif a d’abord inspiré l’exposition Bullshit Job, réunissant 31 artistes rencontré·es, pour explorer les tensions du monde du travail à l’ère du capitalisme tardif : ses open spaces, ses injonctions à la productivité, ses formes d’épuisement, d’absurdité, mais aussi les tentatives de subversion de ses codes. Nous avons également souvent échangé sur le «travail de l’art». En tentant de capter des formes émergentes, nous avons entendu des inquiétudes souterraines : des interrogations concrètes, profondes et partagées sur les manières de se définir et de se développer dans ce milieu. Pour répondre à ces doutes et pour accompagner cette génération, nous avons alors choisi d’élaborer ce guide de survie artistique. Nous l’avons imaginé comme une constellation de conseils que nous aurions aimé recevoir à vingt ans : simples sans être simplistes, précis sans être prescriptifs.
Nous nous sommes entouré·es de contributeur·ices dont la proximité avec la création émergente en fait des interlocuteur·ices précieux·ses. Nous les remercions chaleureusement. Chacun·e a été invité·e à s’emparer du thème dédié librement, aussi bien sur l’angle, le ton, que la rédaction. Iels ont su transformer ce guide de survie en une polyphonie que nous espérons harmonieuse. Pour y parvenir, il a fallu faire des choix, des coupes, accepter de laisser de côté certaines pistes. Ce guide, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, se veut être un outil pratique à l’usage de celles et ceux qui franchissent le seuil des écoles supérieures d’art en France et en Belgique. Les indications et les suggestions qui y sont agrégées sont toutes situées et relèvent des partis pris des auteur·ices concerné·es. Une cinquantaine de fiches thématiques et pratiques composent cet ensemble. Celles-ci abordent les droits et statuts des artistes, avec des repères pour facturer, comprendre le statut d’artiste-auteur·ice et naviguer entre les régimes fiscaux et sociaux. Elles proposent également des clés pour s’organiser collectivement, que ce soit en créant une association, en rejoignant un syndicat ou un collectif en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ou en France (FR). Une attention particulière est portée à la mobilité. Plusieurs fiches accompagnent la structuration de la pratique artistique : construire un portfolio, rédiger une lettre de motivation, entretenir une présence en ligne ou découvrir des logiciels libres. D’autres encore recensent des opportunités de visibilité ou de financement. Enfin, la publication accorde une place au soin, en abordant des questions de santé mentale, d’éco-conception ou encore de réseaux de soutien. Ce guide se veut à la fois boussole et compagnon de route, une ressource que chacun·e pourra s’approprier, détourner, enrichir. Nous avons cherché à ouvrir des pistes, à baliser un terrain souvent flou, à proposer des repères sans vouloir enfermer. Nous espérons ainsi que les pages qui suivent vous donneront envie d’expérimenter à votre tour, et de modeler cette matière en un terrain propice au dialogue, à l’imaginaire, à l’engagement commun. C’est pour que cet objet puisse continuer à s’enrichir que toutes les fiches sont publiées sous licence Creative Commons BY-SA, la même que celle de Wikipedia. Elle permet de réutiliser les contenus, à condition de mentionner les auteur·ices et de conserver cette même licence ouverte. Un guide libre, donc, comme doivent l’être les outils d’émancipation. Dans un monde saturé de compétition, d’injonctions à la réussite et d’auto-exploitation, créer des espaces de partage, c’est déjà travailler autrement, et transmettre des savoirs, c’est déjà résister.





manon klein